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lettera.jpg (4047 bytes)ujourd’hui Terre d’une extrême réussite du vin, Médoc était la Terre du Milieu. Habitée sans doute de tout temps, les romains découvrent dans cette  Pagus Medulorum des peuplades de celtes. On y connaît la vigne, mais pas en vignoble moderne, seuls quelques ceps sont cultivés dans les jardins des villages. Les terres environnantes , faites de collines boisées et de forêts, séparées par des marais et des landes stériles, sont réservées aux oiseaux migrateurs. La mer y exerce une influence à la fois tempérée et sévère au nord, vers la côte, puis petit à petit les plaines plus au sud commencent à fournir des récoltes. Ausone, consul romain propriétaire et poète, fait la réputation des « vini di Burdigala ».

middleage.jpg (3888 bytes)La culture de la vigne devient courante alentour des cités médiévales et des prieurés. Mieux, la culture organisée apparaît dans le sud. D’ailleurs, hors du Médoc dans la région des Graves en amont de Bordeaux, les alignements de ceps sont nombreux. Les nobles consomment de plus en plus ce breuvage, puis organisent à leur tour ce qui va progressivement devenir vignoble. Par le mariage d’Alienor d’Aquitaine avec le roi d’Angleterre Henri II Plantagenet, auquel elle apporte en dot l’Aquitaine et ses vignobles, l’exportation va démarrer de très bonne heure.

Au XVIème siècle, on gagne encore des terres vers le nord grâce à des travaux importants d’assèchement des marais menés par des ingénieurs hollandais expérimentés. Les cultures se développent et la vigne trouve alors sa place d’élection sur les collines, ces croupes impropres aux aux céréales et pâtures.

Au XVIIème siècle, les seigneurs ayant cédé leur place aux nobles bordelais, les vignobles deviennent domaines. Les croupes graveleuses sont couvertes de vigne, les paluds ou palus eux-mêmes sont colonisés, tout-au-moins lorsque la vigne y réussit. Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, le vignoble du Médoc a pris son visage actuel, seuls les Châteaux d’architecture somme toute récente restent à édifier.

Un vin de qualité

L’implantation de la vigne sur des terroirs variés, terres de paluds et croupes graveleuses, a suscité au XVIIème siècle une volonté de mieux identifier les bons terroirs. Le lien entre sol et qualité du vin est établi.

Au XVIIIème siècle, on rationalise alors ce qui devient une culture à part entière : orientation des vignobles, alignement des ceps, labour raisonné et même soins apportés à l’écoulement des eaux, sans parler encore de drainage des terres les moins pentues.

La vinification évolue, les cépages sont essayés et améliorés, les cuvées de différentes qualités sont déjà séparées en premier et deuxième vin. Les chais sont modernisés. Au milieu du XVIIIème siècle, les termes de Grand cru et Château sont bien définis. Le vin est largement consommé, exporté vers des contrées de plus en plus lointaines, sa renommée est faite.

Inévitable Phylloxera

Au XIXème siècle, le vignoble bordelais allait lui aussi être touché par l’arrivée fracassante de ce ravageur redoutable, le petit puceron Phylloxera. Les porte-greffe américains sauvent le vignoble, qui doit être entièrement renouvelé. Les ventes reprennent petit à petit, les exportations aussi, puis la crise de 1929 stoppe à nouveau les ventes. La deuxième guerre mondiale et le grand gel de l’hiver 1956 achèveront de mettre un terme à la belle aventure du Médoc. Des 20 000 hectares du XVIIIè siècle, il ne reste que 6000 ha en 1960.

Une prise conscience collective des fantastiques possibilités de la région a conduit à améliorer ce qui pouvait l’être encore : replantations et arrachages nécessaires, drainage et amélioration des terroirs qui peuvent l’être, modernisation des équipements, utilisation de la science du vin, l’œnologie. Depuis trente ans, les surfaces ont ainsi doublé sans toutefois retrouver, et c’est sans doute tant mieux pour la qualité, les surfaces d’antan.

Ce travail se poursuit encore. La modernité des chais d’élevage le dispute au charme des chais de vieillissement. Les médocains, fiers de leur passé, misent tout autant sur l’avenir par des investissements de nature industrielle . Mais les Châteaux, à l’architecture quelquefois déroutante et toujours émouvante, semblent veiller pour longtemps sur cette « Terre du Milieu ».

"Classification Officielle des Vins de 1855"

La plus grande manifestation mondiale d’alors, l’Exposition Universelle de 1855, sera l’occasion de répondre au souhait de Napoléon III : créer un système de classification des vins qui seront dégustés au cours de l’Exposition, étant donnés que les vins de Bordeaux sont alors reconnus comme les meilleurs du monde.

Cette "Classification Officielle des Vins de 1855" n’a pas été assise sur une compétition mais tout simplement sur une évaluation par des courtiers de la place. Cette classification par niveau, basée sur le prix des Châteaux et leur réputation, la réputation faisant le prix, loin des règles actuelles de l’offre et de la demande.

Le Médoc tira brillamment son épingle de ce jeu dangereux. Parmi les rouges ainsi classifiés tous sont des Châteaux du Médoc, à l’exception qui confirme cette drôle de règle du Château Haut-Brion (Graves). Donc, les Saint-Emilion et autres Pomerol en sont exclus, le classement ne retenant qu’une partie de la rive gauche de la Garonne.

Les vins ont été classés du 1er au 5e cru.

Pour les Blancs, les liquoreux Sauternes et Barsac sont retenus.

Depuis cette date lointaine, seul Château Mouton-Rothschild a changé de catégorie passant de 2ème à 1er cru classé en 1973.

Nombreuses sont les voix qui s’élèvent contre un système jugé plus que jamais arbitraire et obsolète, il faut toutefois reconnaître que si classification ou classement il y a, la perfection est exclue et qu’aujourd’hui le niveau d’information du consommateur lui permet de se fier à d’autres évaluations que le beauté niveau du cru sur l’étiquette.

 

 

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